« La cité de Iasdi est une des plus fameuses du pays, en laquelle se font grandes traffiques de marchandises & en icelle y a semblablement de subtils ouvriers qui besognent en soye, ils tienent la loy de Mahumet… », telle est la description que Marco Polo fit de la ville de Yazd en 1272.
Yazd fait partie de ces villes qui sont figées dans le temps. On ne peut pas s’empêcher de penser en visitant Yazd à des villes comme Khiva ou Boukhara en Ouzbékistan. Ces villes qui n’ont pas changé depuis des siècles où c’est comme si que le temps s’était arrêté. Nous sommes restés que 2 jours à Yazd et c’était trop court, il aurait fallu au moins une journée de plus mais on ne peut pas tout faire ou voir, nous avons dû faire quelques sacrifices.
J’aimerais juste avant de parler de Yazd, dire quelques mots sur notre étape juste avant cette ville. Nous avons eu l’occasion de visiter le désert du Mesr qui était une étape sympa mais nous n’avons pas souhaité faire de visite organisée dans le désert et on se contentera juste de faire 2 randonnées dans le désert très tôt le matin avant les grosses chaleurs. On aura une confiance aveugle dans notre guide car … mise à part des dunes de sable, il n’y a pas grand chose. Nous aurons tout de même la chance de voir des dromadaires sauvages que je n’ai pas eu le temps de prendre en photo mais on en verra d’autres mais … domestiques.
Une fois notre journée passée dans le désert du Dashet-e Kavir nous avons pris la route direction Yazd et nous avons fait étape dans un petit village qui s’appelle Iraj, ce qui nous donnera l’occasion de faire une belle rencontre. Nous n’étions pas sur de pouvoir passer la nuit chez eux car ils ont deux maisons dans ce village, une pour accueillir les touristes de passage et leur maison. Sauf que nous sommes hors saison et ils n’accueillent plus de touristes.
Ils décident donc de nous rencontrer avant de prendre leur décision et accepte finalement de nous recevoir chez eux et de nous préparer le repas. Nous rencontrons donc Umid qui est maire du village et d’origine Irakienne et Mina qui a passé une bonne partie de sa vie à Téhéran mais souhaitait vivre loin du stress et de la pollution qu’on peut trouver dans des grandes villes.
On passera donc la soirée avec eux, à se questionner les uns les autres, on leur offrira quelques paquets de biscuits que nous avons ramené de France.
Sur la route à environ 60kms avant d’arriver à Yazd, nous avons visité le temple Tchak Tchak (ou Chak Chak) qui est situé à environ 60 kms à l’est de Yazd. La légende, dans la croyance zoroastrienne, attribut ce lieu à Nikbanou, la seconde fille du dernier souverain sassanide, Yazdegerd III. Pour fuir les arabes, en 640, Nikbanou pria Ahura Mazda pour sa protection, acculée devant la montagne, celle–ci s’ouvrit miraculeusement et elle disparut avec son allégation.
Le temple comprend une grotte du ressort toujours ruisselant au sommet de la montagne qui domine le désert. Deux lanciers figurent sur deux grandes portes en bronze à l’entrée et devant un arbre sacré, qui devait être la canne de la Princesse.
A l’intérieur un feu brûle sur l’autel au centre et trois bougies se consument dans une niche, représentant la bonne parole, la bonne pensée et la bonne action. Au fond de la salle, on entend, une source qui chante « Tchak….Tchak », chaque goutte d’eau qui tombe de la paroi rappelant les larmes de princesse et la montagne.
Il faut savoir aussi que Yazd est aussi considérée comme l’un des derniers bastions du zoroastrisme dans le pays.
Cependant, la taille de la communauté zoroastrienne a diminué au fil du temps en raison de divers facteurs, notamment l’émigration, le mariage mixte et d’autres aspects de la vie moderne.
Malgré cela, la communauté zoroastrienne de Yazd est active et maintient ses traditions culturelles et religieuses. Elle célèbre les fêtes zoroastriennes telles que Nowruz (le Nouvel An iranien) et maintient des temples sacrés, tels que le temple Atash Behram (le temple du feu sacré), qui est l’un des neuf temples du feu les plus importants du zoroastrisme. J’en parlerais un peu plus loin dans l’article.
Yazd est l’une des plus anciennes villes du monde, Les premières traces d’occupation humaine dans la région de Yazd remontent à l’âge de pierre. La ville a des liens avec les civilisations perses anciennes, notamment avec la dynastie des Achéménides, fondée par Cyrus le Grand au 6e siècle avant J.C.
Notre visite de la ville commencera par la mosquée Jameh qui est l’une des plus anciennes et des plus grandes mosquées d’Iran. Elle est située au cœur de la vieille ville représente un exemple impressionnant de l’architecture islamique persane. La construction de la mosquée remonte au 12e siècle, bien que des extensions et des modifications aient été apportées au fil des siècles. Ainsi, elle présente une combinaison de styles architecturaux issus de différentes époques.
La ville est aussi connue pour ces très nombreuses tours du vent, les bagdirs. Ce sont des tours conçues pour capter et canaliser le vent dans les maisons pour assurer une ventilation naturelle et rafraîchir l’intérieur des habitations pendant les mois chauds.
Ces tours du vent utilisent le principe du refroidissement passif en permettant à l’air frais de circuler dans les maisons.
Pour revenir au zoroastrime car il a une place prépondérante à Yazd, cette ancienne religion monothéiste est également connu sous le nom de mazdéisme, elle a été fondée par le prophète Zoroastre (ou Zarathoustra) en Perse au cours du 6e ou 7e siècle avant notre ère. Cette religion a eu une influence significative sur plusieurs cultures anciennes et a été la religion dominante de l’Empire perse jusqu’à l’avènement de l’islam.
Voici quelques éléments clés du zoroastrisme iranien :
Zoroastre : Il est le fondateur du zoroastrisme et est traditionnellement considéré comme un prophète et un réformateur religieux. Les détails de sa vie sont parfois difficiles à établir de manière précise en raison de la nature ancienne de la religion, mais il est généralement situé entre le 6e et le 7e siècle avant notre ère.
Doctrine fondamentale : Le zoroastrisme est centré sur la croyance en un dieu suprême appelé Ahura Mazda, souvent représenté comme le créateur du monde et de l’ordre cosmique. Ahura Mazda est opposé aux forces du mal, incarnées par Angra Mainyu ou Ahriman.
Dualisme : Une caractéristique distinctive du zoroastrisme est son dualisme cosmique entre les forces du bien et du mal. Cela se reflète dans la lutte éternelle entre Ahura Mazda et Angra Mainyu. Les adeptes sont encouragés à choisir le bien et à contribuer à la lutte contre le mal.
Textes sacrés : Les enseignements de Zoroastre ont été préservés dans les textes sacrés appelés les Gathas, qui sont une partie des écritures appelées l’Avesta. L’Avesta est la collection complète des textes zoroastriens, mais une grande partie de celle-ci a été perdue au fil du temps.
Feu sacré : Le feu est un symbole central dans le zoroastrisme, représentant la lumière, la pureté et la présence divine. Les temples zoroastriens, appelés les temples du feu, étaient des lieux de culte où le feu sacré était maintenu.
Le symbole le plus couramment associé au zoroastrisme est le Faravahar (ou Fravahar). Il s’agit d’un symbole complexe qui représente des concepts et des valeurs importantes dans la religion zoroastrienne. Voici quelques informations sur ce symbole (en photo un peu plus bas) :
Figure centrale : Le Faravahar présente une figure centrale qui ressemble à un homme ailé debout. Cette figure est souvent interprétée comme représentant l’âme humaine.
Ailes : L’homme ailé tient deux ailes déployées de chaque côté, symbolisant la protection divine et la spiritualité.
Cercle : Au-dessus de la tête de la figure, il y a un cercle qui représente l’éternité et l’infini, soulignant le concept de la vie éternelle de l’âme.
Anneau ou cercle dans la main : La figure tient souvent un anneau ou un cercle dans une main, ce qui peut symboliser la promesse de la vie éternelle et la continuité du cycle de la vie.
Rayons : Des rayons émanent du cercle, représentant la lumière divine, la sagesse et la connaissance.
Disque solaire : Parfois, la figure centrale est surmontée d’un disque solaire, symbolisant la puissance du dieu suprême Ahura Mazda.
A Yazd, nous en profiterons aussi pour visiter le jardin de Dowlatabad, il a été construit au 18e siècle, pendant la dynastie afsharide, sous le règne de Karim Khan Zand. Il a été conçu comme une résidence d’été pour l’usage personnel du gouverneur de la région, Mohammad Taqi Khan Bafghi, également connu sous le nom de Dowlatabad.
Le jardin de Dowlatabad est renommé pour sa tour du vent, qui est l’une des plus hautes du genre en Iran, elle mesure environ 33 mètres de hauteur. Elle comporte plusieurs étages avec des ouvertures spéciales qui capturent et dirigent les vents dominants comme expliqué auparavant.
Tout prêt de Yazd, se trouve un lieu incontournable : Cham.
C’est une bourgade en pisé habitée exclusivement par des zoroastriens. A l’entrée du village, une plaque rappelle que le hameau comptait 116 habitants dans les années 1940. Il ne reste aujourd’hui qu’une poignée de personnes âgées qui entretiennent le petit temple du feu du village et veillent sur leur «vedette» : un gigantesque cyprès – arbre sacré pour tous les Iraniens, car il relie le ciel et la terre, c’est-à-dire, métaphoriquement, les hommes et Dieu. Le vénérable aurait, dit-on, entre 3 000 et 3 500 ans.
A la sortie du bourg, sur un monticule rocheux, se dresse un étrange bâtiment : une tour plus large que haute, percée à sa base d’une seule porte. Ces dakhma, ou «tours du silence», servaient jadis aux zoroastriens à célébrer le rite mortuaire des «funérailles célestes». La terre et le feu, éléments sacrés dans la tradition, ne devant pas être souillés par un cadavre, les morts n’étaient ni inhumés ni incinérés, mais disposés par des prêtres croque-morts – les nasa-salar – au sommet de la tour où ils étaient dévorés par les vautours. Les vautours, considérés comme des “oiseaux du Dieu”, étaient censés accomplir le travail de décomposition, purifiant ainsi le corps.
Depuis que cette pratique a été interdite pour des raisons sanitaires par le chah à la fin des années 1960, le dakhma est devenu un objet de curiosité pour ceux qui ont le courage de gravir la colline
Pour notre dernière journée, nous passerons la nuit dans le caravansérail de Zeynodin, où nous rencontrerons son propriétaire qui a consacré sa vie et son argent à la restauration de ce lieu chargé d’histoire. Il nous a expliqué qu’il avait signé un contrat avec l’état pour ne pas avoir la propriété du lieu mais pouvoir l’utiliser à son bon vouloir pendant 10 ans moyennant finance. Les 10 ans sont passés, maintenant l’état demande beaucoup plus qu’il puisse se permettre et il devra un jour quitter les lieux. Triste sort après avoir tant donné pour ce monument…
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