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Venir en Iran sans visiter Persépolis c’est, un peu comme aller à Paris sans visiter la tour Eiffel 😊

Persépolis est bien entendu une étape incontournable d’un voyage en Iran, le souci et il ne faut pas l’oublier et qu’il y fait très chaud et qu’il y a peu d’ombre alors il vaut mieux privilégier une visite tôt le matin. Ce qui n’a pas été notre cas et à notre grand regret.

Construite sous Darius Ier Le Grand, la ville fut construite à l’image de la démesure dont pouvait faire preuve le Grand Roi. Ainsi, Persépolis était destinée à exhiber la puissance de l’empire dans le seul écrin d’une cité fastueuse afin de donner la preuve de l’unité.

De ce fait, Darius Ier donna l’ordre de rapporter toutes les plus grandes richesses des quatre coins de ses terres, afin de les unir au cœur de sa capitale. Aujourd’hui nous pouvons encore admirer certaines de ces œuvres gigantesques.

Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1979, le site fut étudié en profondeur afin de comprendre la véritable identité de ce peuple mystérieux. Car en effet, nous n’avons aujourd’hui que des fragments de récits belliqueux, souvent peu reluisants, parlant des perses. Ces récits provenant évidemment de textes grecs, leurs ennemis, l’histoire requiert des sources plus impartiales. Heureusement, les murs de Persépolis regorgent de textes en cunéiformes, à commencer par les murs de l’escalier monumental qui mène à l’Apadana.

On pouvait apercevoir l’Apadana à des kilomètres au loin. Edifiés sur une terrasse surélevée par rapport aux autres monuments, le palais et sa salle du trône, situés à l’ouest, ont été construits par Darius le Grand, vers 515 avant J.-C., puis achevés sous le règne de Xerxès II (vers 424 avant J.-C.). Dans cette pièce monumentale pouvant accueillir jusqu’à 10 000 personnes, le roi recevait ses vassaux venus des territoires conquis par les Perses. Sur l’escalier à double rampe menant à la terrasse, on observe encore des bas-reliefs représentant les délégations de 23 peuples soumis (Mèdes, Susiens, Arméniens, Babyloniens…) qui apportent des offrandes au roi achéménide. L’Apadana était sans doute le bâtiment le plus imposant de Persépolis, avec un plan carré de 60,5 mètres de côté, et doté de 72 colonnes. Comme sur d’autres monuments du site, on a retrouvé des traces de pigments sur les colonnes qui permettent de penser que l’ensemble était richement peint et décoré.

On accédait à la porte des nations par un escalier monumental, avant d’être accueilli par deux sculptures colossales de taureaux, gardiens de la salle du trône. «Grâce à Ahura Mazda, j’ai fait ce portique de tous les peuples.» Cette inscription cunéiforme (écriture mésopotamienne) laisse entendre que la porte des Nations servait à recevoir les nombreux peuples de l’Empire achéménide.

La grande beauté des bas-reliefs, leur précision chirurgicale, pratiquement épargnée par les millénaires donnent un aspect irréel à l’endroit. On pourrait sentir respirer le sculpteur à côté de nous tandis que les personnages se mettraient à s’animer sur les murs.

La plus glorieuse des cités se devait d’être imprenable. En imaginant Persépolis, Darius puis Xerxès n’ont rien laissé au hasard. Sur le flanc est, la montagne Kuh-e Rahmat apporte un barrage naturel devant le palais et la ville. L’enceinte fortifiée, construite en brique crue, et creusée en partie dans la roche montagneuse, est rythmée par des tours d’observation. 

Quant à l’angulation des murs, elle permettait aux défenseurs d’avoir un champ de vision optimal en cas d’attaque. Il fallait aussi une ultime protection pour cette cité démesurée : celle des dieux. 

Sur les remparts de Persépolis, on pouvait lire cette inscription : «Et Darius le roi dit : “Moi, qu’Ahura Mazda me protège, tous les dieux [étant] avec lui, et aussi cette forteresse- ci […]. Ce que pensera l’homme qui est hostile, que cela ne soit pas reconnu !”» En vain : ni Ahura Mazda ni les remparts ne purent contrer les armées d’Alexandre qui envahirent la cité et la réduisirent en cendres en 330 avant J.-C.

Juste à côté de Persépolis se trouvent deux autres étapes incontournables, la première, la nécropole de Naqsh-e Rostam et la deuxième est Pasargades qui est un peu plus loin. Ce qui frappe le plus en arrivant à la nécropole c’est ces tombeaux très imposants sculptés dans la roche. Ils nous font penser un peu aux tombeaux lyciens vus en Turquie.

Darius le Grand décida que la nécropole du roi achéménide devait se trouver à quelques kilomètres de Persépolis, et il choisit le site de la falaise de Naqsh-e Rostam (également Naqsh-i Rustam) où se trouvaient déjà quelques anciennes œuvres élamites. Au lieu de créer un mausolée en forme de maison comme celui de Cyrus II à Pasargades, ici la formule architecturale a été totalement modifiée avec la réalisation de tombes colossales taillées à même le flanc de la montagne et visibles de très loin.

Dans ce site grandiose, en renouant avec la tradition des tombes rupestres — comme le sépulcre mède de Kizkapan avec ses colonnes encastrées et ses chapiteaux à volutes « ioniques », imitant un palais et ornés d’un bas-relief représentant le rituel du feu zoroastrien — les rois achéménides ordonnèrent la création d’étonnantes façades sculptées dont la forme en croix se détache dans les creux de la roche.

Il y a trois registres. Le centre est occupé par un élément rectangulaire transversal qui reproduit la façade d’un palais : quatre colonnes encastrées, dont les chapiteaux sont constitués de taureaux à deux têtes, couronnent une seule entrée. Le linteau de ce dernier est surmonté d’une cimaise à l’égyptienne, tandis que la partie supérieure est surmontée d’un « volet roulant » en pierre à demi abaissé.

Telle est l’apparence de l’extérieur de ces tombes creusées dans le roc, qui mesurent environ 22m de haut et sont situés bien au-dessus du niveau du sol afin d’éviter toute infraction. A l’intérieur, une fois passée la porte située en hauteur, sans autre accès possible que par des échelles amovibles, le visiteur remarquera un couloir intérieur rectiligne parallèle à la façade qui dessert trois chambres suffisamment vastes pour abriter plusieurs sarcophages destinés au roi et à sa famille.

La première tombe de ce type, réalisée pour Darius le grand (522-468 av. J.-C.), est située au milieu de la paroi rocheuse. A gauche, avec la même forme et la même taille, se trouvent les tombes de Xerxès (486-465 avant JC) et d’Artaxerxès I (465-424 avant JC), tandis qu’à droite se trouve la tombe de Darius II (423-404 avant JC)

À l’extrémité gauche de la falaise de Naqsh-e Rostam, il y a une tour carré de 7m de côté et 11m de haut, que les musulmans appellent Ka’aba-i Zartusht, ou Kaaba de Zoroastre. Cette construction présente d’élégantes maçonneries de pierre calcaire qui exploitent la subtile alternance de creux et de creux qui rythment les murs, sur lesquels les fausses fenêtres en pierre créent de forts contrastes.

Les avis des spécialistes sur la fonction de cet édifice, auquel on accède par un escalier en saillie qui mène à une porte à mi-hauteur de la structure, ne sont pas unanimes. Certains le considèrent comme un autel du feu, d’autres une « bibliothèque qui abritait les textes de l’Avesta » (l’écriture sacrée des Zoroastriens), et d’autres encore un tombeau temporaire qui contient le corps jusqu’à ce que le tombeau approprié soit prêt. Il faut dire qu’à Pasargades un édifice analogue existait déjà, construit avec des techniques de construction identiques mais dans ce dernier cas le rôle de la structure est encore enveloppé de mystère.

Pour notre dernière étape avant de rejoindre Shiraz, nous nous arrêtons passer la nuit à Pasargades et en profitons pour visiter le tombeau de Cyrus le grand.

Les tombeaux des rois achéménides Darius, Xerxès, Ardéchir… se trouvent dans des cryptes creusées à même la montagne comme par exemple à la nécropole de Naqsh-e Rostam comme on vient tout juste de parler. On trouve ce genre de sépultures également chez les Mèdes à différents endroits : au Pont Zahab de Kermanchah, à Fakhrik, Miandoab et Soleimanieh (Irak).

Le soleil se couchant derrière la montagne et le roi étant le symbole du soleil (en fait, il en est le frère), il doit donc reposer au cœur de la montagne. C’est pourquoi les tombeaux des rois achéménides se trouvaient dans la montagne, à un emplacement en forme de croix.

 

Alors, pourquoi le tombeau de Cyrus est-il différent ?

Le monument funéraire de Cyrus est en fait une “ziggourat”, c’est-à-dire une sorte de lieu sacré. Les “ziggourats” sont des constructions de 5 à 7 étages souvent surmontées, sur leur dernier étage, de l’effigie d’une divinité (comme expliqué dans l’article sur Kashan et la Ziggourat de Tepe Siak), que l’on trouve dans les civilisations mésopotamiennes et élamites. Le tombeau de Cyrus se trouve au 7ème étage d’une “ziggourat” surmontée d’une arête. Il est conforme aux sépultures des Aryens qui s’installèrent pour la première fois sur les collines de Sialk.

 

Pour conclure, j’aimerais juste dire quelques mots de cette famille formidable chez qui nous avons dormi à Pasargades. Nous avons passé une superbe soirée à leurs côtés, ils sont d’une gentillesse et d’une bienveillance qui fait chaud au coeur. De plus, la propriétaire est une excellente cuisinière et son mari joue de l’instrument avec l’une de leurs filles. Encore merci à eux et on espère les revoir un jour ! (le nom de la guesthouse est : Koroshk traditionnal guest house).

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